Hammaguir

Bonjour à tous.
Je ne suis pas un ancien Saharien et, un peu plus jeune que vous, je n'aurais pas pu partager votre vie dans les bases. Je suis écrivain et actuellement en résidence d'écriture à l'Observatoire de l'Espace qui dépend du Centre National des Etudes Spatiales à Paris. Autrement dit l'héritier entre autres du CIEES.
En faisant des recherches sur internet, je suis tombé par hasard sur Les amis du Pic Laperrine et j'y ai déjà appris beaucoup de choses que je ne trouverai sur aucun ouvrage racontant les débuts de l'aventure spatiale française. Pourtant, ce que vous dites de votre vie là-bas, des détails parfois les plus anecdotiques apparemment, même vos distractions quand vous en aviez, en fait partie.
Si vous le permettez, je vous poserai des questions sur votre vie, et ne souriez pas si je vous pose des questions qui vous semblent hors sujet. Par exemple à propos de la station de pompage qu'un appelé a gardé avec sa section en 1959-1960, poste alors identifié comme ZKK. Je cherche à recouper les témoignages, et bien sûr l'ambiance n'est pas la même en 1960 et après l'indépendance de l'Algérie.
Même chose à propos de "Chez Fifine" qui fait aussi d'une certaine façon partie de l'aventure : les militaires l'ont fréquenté mais aussi des techniciens civils...
Alain, il est question sur un des posts d'une photo de Mme Gourba (Fifine) en compagnie du préfet et de généraux. Je l'ai cherchée en vain sur internet. Serait-il possible de l'avoir?
Un historien et sociologue des sciences fait aussi partie de la résidence à l'Observatoire de l'Espace. Plutôt que de me pencher sur les questions scientifiques comme il le fera bien mieux que moi, je préfère me consacrer à l'aventure humaine jusque dans ses détails.
Ainsi, peu à peu, se construira un grand récit collectif.
Merci à tous !
Un détail : Hammaguir, c'est aussi la base à Béchar, le poste d'Abadla, le train, la station de pompage, la base proprement dite d'Hammaguir et ses différents pas de tir en plus de la base-vie, et même Reggane à partir du moment où on pense monter une ogive sur une fusée.

Bienvenue chez nous, Michel ...
Bien sur, on va essayer de t'aider, même si la plupart d'entre nous connaissent surtout In Amguel et In Ekker, mais on va te raconter notre vie saharienne !
Pour retrouver la photo de Fifine.... je vais essayer !

Bienvenue à bord.
Je n'ai pas la moindre idée de qui est Fifine et je n'en avais jamais entendu parler, mais au moins on va pouvoir faire sa connaissance.

J'ai beau chercher .... je ne trouve plus cette satanée photo...
Elle est pourtant quelque part sur le bazar du forum !
Marcel, au secours !!!!

Alain a écrit:J'ai beau chercher .... j
!!!!

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Et ben dis donc, une maîtresse femme cette Madame Fifine dont je n'ai jamais entendu parler lors de mon séjour à In-Amguel (on nous cachait tout).

Comme Jean-Marie, je n'avais jamais entendu parler de "Fifine" avant d'arriver sur ce forum..... mais depuis....
Je me suis demandé à une époque s'il n'aurait pas été plus judicieux de baptiser ce forum "Les Anciens de chez Fifines" ou "Les Amis des Lupanars de Colomb-Béchard"

C'est parce qu'à In-Amguel le commandant du CEMO n'avait pas accepté qu'il fût installé un BMC comme à Reggane par exemple où les militaires pouvaient perdre leur âme et choper la vérole en prime d'après ce qu'on nous disait..
À in-Amguel, à la place d'un BMC, il y avait une aumônerie avec une petite chapelle pour que chacun d'entre nous puisse assurer le salut de son âme en priant les saints et pas les seins.
de Madame Fifine. climatisée

ça veut juste dire que quand on est partis, c'était le bordel ..... ah, les jeunes !

En 1961- 1962 il n'y avait pas de curé vivant sur la base, c'était un prêtre qui venait tous les dimanches depuis Tamanrasset avec son Broussard et il avait la disposition d'une 2 CV pour aller à la  base vie.
Pendant la semaine la paroisse de la base était gérée par un sergent chef de l'Armée de l'Air, Breton d'une famille de 8 garçons et dont le rang d'arrivée en ce bas monde le destinait à l'armée  alors que son rêve aurait été d'être organiste.

Alain a écrit:ça veut juste dire que quand on est partis, c'était le bordel ..... ah, les jeunes !

Alain, qui comme moi a vécu la période chaste et pure du CEMO, car la base était alors commandée par un colonel plus proche de la calotte que de la petite culotte, pointe là du doigt la dépravation des mœurs après notre départ qui fait que la chapelle était devenue un lupanar où, d'après Michel, les militaires les plus fortunés pouvaient atteindre l'état d'extase lubrique là même où leurs anciens célébraient la grâce divine.

Pour ceux qui n'ont pas connu l'époque où le CEMO était encore en Terre sainte et pendant laquelle Sainte Fifine n'était pas vénérée, quelques photos datant de juillet ou août 1962.
Au travers la volière attenante à l'Aumônerie on voit des bâtiments qui devraient permettre de localiser les lieux.

À l'époque où le CEMO abritait une chapelle et non un bordel, le sergent-chef aviateur et Breton — premier d'une fratrie de huit garçons, donc militaire alors que le deuxième était curé par tradition — s'occupait de l'aumônerie pendant la semaine et dirigeait la chorale, principalement composée d'aviateurs.
Quand il ne dirigeait pas les répétitions de la chorale, notre sergent-chef animait des soirées musicales à l'aumônerie où il nous faisait découvrir les vertus d'une écoute critique de la musique classique.
En 1961 il avait un électrophone stéréophonique de grande qualité, chose encore assez nouvelle à l'époque et nous donner à écouter différentes interprétations des mêmes œuvres pour aiguiser notre sens critique.
Je me souviens par exemple d'une écoute comparée de la 6e symphonie de Beethoven dirigée par Wilhelm Furtwängler, un disque monophonique d'un concert de 1954 avec le Philarmonique de Berlin.
Maria Callas, après s'être plainte de la baisse du niveau des chefs d'orchestre depuis la mort de Furtwängler disait : "pour moi, il était Beethoven"

Si vous avez le temps d'écouter, j'adore cette version-là :



Et puis, une deuxième version sous la direction de Lorin Maazel avec un enregistrement tout récent et stéréophonique de 1960 qui nous faisait découvrir un relief sonore tout nouveau pour nous.


Lorin Maazel mettait bien dix minutes dans la vue à Wilhelm Furtwängler pour arriver au bout de la 6e symphonie et le jeu pour nous consistait à se poser la question de savoir qu'elle était la meilleure interprétation en faisant abstraction de la qualité technique de l'enregistrement.

On avait peut être pas Madame Fifine et son pétard à l'époque, mais on se culturait autrement .

Georges a écrit:

JM a écrit:la chapelle était devenue un lupanar où, d'après Michel, les militaires les plus fortunés pouvaient atteindre l'état d'extase lubrique là même où leurs anciens célébraient la grâce divine.

Pas connu ces femmes charitables, d'ailleurs, même avec des sous en poche,
je n'aurais pas osé y aller. (comme à Marseille rue Thubaneau ) !!!!!

Comme je te comprend Geoges et en plus il n'y avait pas comme chez Fifine de bonne bière, suivant les dires d'une personne étant aller se soulager (dans les deux sens mais pas l'esprit) je vous explique << bonjour docteur >><<faite pipi la dedans>> après quelques minutes << bon ça va vous pouvez passer dans la pièce d'à coté>> et après quelques autres minutes il était ressorti.

Il y avait à COLOMB BECHAR 2 gendarmes motards de la prévôtale = BARBE et GUILLAUME = 2 boutes-en-train et bringueurs de première catégorie

Un soir où ils avaient particulièrement abusé de la dive bouteille , ils décidèrent d'aller soulager l'humanité souffrante chez FIFINE

GUILLAUME , le plus éméché , s'est allongé dans le lit et , malheureusement pour lui , a fait ses gros besoins dans le lit de la "frangine"

Cette dernière a averti les policiers Algériens qui les ont emmenés en prison ;ils furent "libérés" le lendemain sur intervention des flics de l'air.